QUELQUES PROPOS DU PÈRE PAUL, DE MOLL


Père Paul attribuait les prodiges qu'il opérait à l'intervention de son saint Père Benoît.

— Moi, disait-il, je ne suis que le portier de saint Benoît.





Quelqu'un rappelait au Père Paul que, suivant la tradition, on obtient tout ce que l'on demande à certain Saint, le jour de sa fête.

— Tous les jours, c'est fête de saint Benoît ! répondit-il.





— Les parents au Ciel intercèdent sans cesse auprès de Dieu en faveur de leurs enfants sur la terre.





— Par leurs prières et leurs bonnes œuvres, les enfants augmentent le bonheur de leurs parents déjà au Ciel.





— Les âmes du Purgatoire ont connaissance des discordes des membres de leur famille sur terre, et cette vue augmente leurs peines.





Parlant de l'âme d'une dame défunte, Père Paul disait :

— Elle n'est restée qu'une heure au Purgatoire, et n'y est pas restée davantage parce qu'elle a si bien élévé ses enfants.

Il ajouta que, par privilège, cette dame avait subi l'heure de son Purgatoire dans le fauteuil où elle avait expiré.





— Un bon moyen de ne pas rester longtemps en Purgatoire est de mourir entièrement résigné à la sainte volonté de Dieu.

Une dame avait trouvé la mort dans une terrible collision de trains près de Gand. Père Paul disait que son âme était allée droit au Ciel, parce que, au dernier moment, la dame s'était écriée : Seigneur, que Votre volonté soit faite !





— Le froid qu'endurent certaines âmes du Purgatoire est aussi terrible que le feu.





Un abonné à un journal antireligieux, étant mort à Saint-Michel, sa veuve, tout en s'abstenant de la lecture de ce journal, ne renonça pas à l'abonnement, et elle mourut peu après son mari.

Père Paul assurait que la veuve resterait longtemps en Purgatoire, pour le seul fait d'avoir toléré, chez elle, l'introduction du dit journal.





— Il y a des âmes condamnées au Purgatoire jusqu'à la fin du monde.





Père Paul a souvent affirmé que les âmes du Purgatoire, délivrées par ses prières, venaient le remercier.

Parfois, à la demande des parents des défunts, Père Paul leur apprenait le temps que les âmes des trépassés devaient passer au Purgatoire. Il évitait le plus souvent de faire connaître leur délivrance, parce que, généralement alors, disait-il, on ne prie plus pour ces âmes, et les prières que l'on fait pour elles augmentent leur bonheur au Ciel.

Il disait aussi qu'un grand nombre d'âmes souffrantes venaient continuellement lui demander des prières pour leur délivrance et que, la nuit, sa couche était entourée d'âmes en peine.





— À chacune de ses fêtes, la Sainte Vierge apparaît au Purgatoire, délivre nombre d'âmes et console toutes les âmes souffrantes.

Une demoiselle d'Anvers demande pour son frère, récemment décédé, des prières au Père Paul.

— Je prierai pour lui, répond-il, il sera délivré samedi, car la Sainte Vierge m'a dit qu'elle se rend au Purgatoire tous les samedis. La demoiselle, étonnée, demande :

— Elle vous l'a dit, Père ?

— Oui, oui. Elle me l'a dit.





Un négociant était sur le point de recourir au banquier, mais il voulut d'abord consulter le Père Paul.

— Pour ma part, répondit-il, je préférerais m'adresser aux âmes du Purgatoire qu'aux banquiers, car ces âmes sont toujours reconnaissantes quand on prie pour leur délivrance, et elles obtiennent alors de Dieu tout ce qu'on demande et même davantage.

Aussi, une de ses grandes préoccupations était d'engager vivement chacun à se faire admettre comme membre de la Conférence du SCAPULAIRE BLEU, ce qui permet de gagner pour les âmes du Purgatoire — AUTANT DE FOIS que l'on récite six PATER, AVE et GLORIA et sans l'obligation de s'approcher, à cette fin, des Sacrements — TOUTES les Indulgences des Lieux-Saints, des 7 Basiliques Romaines, de Portioncule et de Saint Jacques en Espagne ; au total, 538 Indulgences Pléniaires ; et d'innombrables Indulgences partielles.

Ces Indulgences ont été accordées par le Pape Pie IX, le 14 avril 1856.





En 1894, Termonde, un homme fut victime d'un terrible accident qui lui couta la vie. Père Paul dit de ce malheureux :

— Il n'avait pas de religion et n'allait jamais à l'église, mais son âme n'est pas perdue, parce que, au dernier moment, il a offert sa vie en expiation de ses fautes. Toutefois, il restera longtemps en Purgatoire.





— Un soupir d'amour pour Dieu vaut plus que toute une année de pénitence.





Père Paul disait à une servante d'Anvers :

— Avant de manger, dormir, ouvrir ou fermer une porte, ou toute autre action, ayez toujours l'intention de tout faire pour l'amour de Jésus. De cette façon, vous recueillerez continuellement de grands mérites pour le Ciel.





— En faisant le chemin de la Croix, tâchez de compatir aux souffrances du Christ, car tous ceux qui ont pris part à Ses douleurs sont devenus des Saints, témoins Simon de Cyrène, Véronique, le bon Larron, saintes femmes et tant d'autres.





— La puissance des démons et de leurs alliés parmi les hommes n'est pas bien redoutable, parce que leur action est vite rendue stérile par le défaut d'entente dans ce camp, où les troupes finissent toujours par se combattre mutuellement.





— Quand le démon suggère une mauvaise pensée, il est facile de résister à la tentation ; mais si de suite on ne la repousse pas, un deuxième démon vient aussitôt seconder le premier. Puis, à mesure que la résistance se fait attendre, d'autres démons encore viennent joindre leurs efforts, et quand il faut lutter contre sept démons à la fois, il est bien difficile de ne pas succomber.





Aux personnes se trouvant dans une situation intéressante, le Père Paul conseillait d'aller voir le prêtre et de lui demander de réciter sur elles les prières rituelles de circonstance, à l'effet de se garantir, ainsi que les enfants à naître, de toute nuisance éventuelle. Il disait :

— C'est dès avant et au moment de la naissance, que LE MAL s'acharne le plus à nuire aux êtres humains, et par conséquent il y a péril de ne pas recourir aux prières spéciales de l'Église.





— Cette nuit, le diable m'a violemment enlevé de ma couche et rudement jeté à terre, disait Père Paul à un fermier.

— Bien que de ma nature, je ne sois guère peureux, répondit celui-ci, je vous avoue qu'en pareil cas je tremblerais de tous mes membres. Et vous-même, vous n'avez pas pris peur ?

— Mais pas du tout ; ce qu'il faut plutôt craindre, c'est le monde, où le diable règne en maître, car les démons y pullulent.





— Un bon moyen de s'assurer si une apparition est divine ou diabolique, est de demander la bénédiction à l'être qui apparaît, car le diable n'a pas le pouvoir de simuler une bénédiction.





Pendant un entretien où le Père Paul rappelait la grande vertu de l'eau bénite, que, par ignorance, on n'apprécie pas assez, quelqu'un lui disait :

— Ayant eu jadis des verrues sur la main, un ami m'assura qu'un excellent moyen de s'en débarrasser est de plonger un instant ces verrues dans l'eau bénite et de se signer ensuite avec cette main. Il fallait, me disait-il, le faire une fois journellement et trois jours de suite. Je l'ai fait et les verrues ont disparu.

Ce moyen reçut l'approbation du Rév. Père.

Père Paul n'était pas content de voir les gens entrer à l'église sans prendre de l'eau bénite. Il disait à un monsieur qui ne s'arrêtait pas au bénitier :

— Prenez donc de l'eau bénite : là, du moins, le diable n'y est pas.





Au confessionnal, Père Paul disait à un ami d'Oostcamp :

— Depuis l'Ascension de Notre Seigneur, la Très Sainte Vierge communiait chaque jour et, par privilège, l'Hostie reçue se conservait intacte en elle jusqu'au moment de la communion suivante, de manière que Marie gardait toujours en elle, l'Humanité et la Divinité de Jésus-Christ, et que, continuellement, elle pouvait s'entretenir avec son Divin Fils.





Père Paul disait à un ami d'Oostcamp :

— Dans une extase, un saint a vu le corps de saint Joseph conservé intact au tombeau, dont on ignore encore l'endroit.

L'invention du corps de saint Joseph, qui pour l'Église sera une grande joie, sera d'autant plus prochaine, qu'on honorera davantage le glorieux époux de le Très Sainte Vierge.





— Le moindre acte d'humilité est plus méritoire qu'un siècle de jeûne et d'abstinence, l'humilité étant une vertu permanente. tandis que l'abstinence est bien souvent une affaire de montre.





Père Paul étant malade, disait un jour :

— Moi, je ne puis pas demander ma guérison, mais d'autres le peuvent pour moi. Je puis tout demander pour les autres.





— Pour être exaucé, il ne suffit pas toujours de prier soi-même, on doit aussi faire prier les autres.





Père Paul blâmait fort ceux qui, d'habitude, passent une partie de la nuit au travail ou au plaisir. Il disait :

— La nuit appartient à Dieu.

Père Paul avait parfois des mots plaisants pour faire retenir ses recommandations.

À un fermier, qui se confessait, il demande :

— Jusque à quelle heure vous attardez-vous au dehors le soir ?

— Cela dépend : quand je m'amuse, je ne rentre qu'à 11 heures ou minuit.

— Combien de commandements de Dieu y a-t-il ?

— Dix.

— Voilà ! S'il était bon de ne rentrer qu'à 11 heures, il y aurait onze commandements... Croyez-moi, prenez votre repos à 10 heures, vous vous en trouverez bien mieux.





En présence du Père Paul, on plaisantait une personne absente très scrupuleuse.

— Le scrupule, disait-il, est une des plus tristes maladies. Gardez-vous bien de vous moquer des scrupuleux, car vous pourriez devenir scrupuleux vous-même.





Une personne, très scrupuleuse, demandait un moyen d'être délivrée de ses scrupules. Père Paul répondit en riant :

— Eh bien, ne soyez plus scrupuleuse !





— Le remède au cancer existe, mais il n'est pas encore connu...





— Lorsque je dois faire usage d'une médecine, je ne manque jamais d'y tremper d'abord une médaille de saint Benoît.





— Je ne puis rien obtenir à ceux qui ont l'habitude de blasphémer.





— On publiera le bien que j'ai fait, mais ce que j'ai souffert...





— Ce n'est qu'au Jugement dernier que l'on saura tout ce que j'ai souffert...





Père Paul fut souvent calomnié et persécuté. Il disait un jour à une connaissance :

— Celui qui creuse un trou pour moi, tombera dans un trou plus profond.

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Père Paul disait à une dame qu'il avait guérie :

— Voudriez-vous avoir la bonté d'engager tous vos amis et connaissances, qui sont malades, à venir me voir ? Je les guérirai tous !





En 1910, vint chez nous un Rév. Père Augustin français, qui parcourait l'Europe, visitant les lieux où en ces derniers temps vécurent des personnages célèbres par leurs actions éclatantes et leur sainteté. Il était allé aussi au tombeau du Père Paul et nous demanda si Père Paul ne nous avait jamais parlé de Don Bosco ?

— Une seule fois. Certain jour, n'obtenant pas assez vite une faveur sollicitée, nous lui disions que nous écririons à Don Bosco...

— Peuh ! parce que c'est loin... répondit-il.

Ce mot fit rire de bon cœur le Père Augustin :

— Vous voyez bien, remarqua-t-il, Père Paul voulait dire :

— Pourquoi vous adresser à Don Bosco, quand vous avez la chance de m'avoir auprès de vous ?

Comme les saints sont curieux ! ajouta-t-il.





Père Paul disait à une de ses pénitentes :

— Obéissez-moi toujours aveuglément, je serai votre guide pendant la vie et après ma mort.

Un jour, la même personne disait au Père que, s'il mourait, elle serait bien à plaindre.

— Au contraire, répondit-il, ce sera bien mieux pour vous quand je serai au Ciel, car alors vous pourrez me demander continuellement et mon pouvoir sera plus grand encore.





On s'étonnait, en présence du Père Paul, du grand nombre d'enfants qu'il guérissait.

— Rien d'étonnant, répondit-il, ces enfants n'ont pas encore commis le mal !





On rappelait au Père Paul cette parole attribuée à un saint : « C'est un bonheur pour les parents d'avoir eu des enfants morts en bas-âge, puisqu'ils sont certainement au Ciel. »

— Mieux eût valu les voir grandir, répliqua-t-il, vu les mérites qu'ils auraient pu acquérir.





Père Paul ne lisait pas les journaux.

— À quoi bon ? disait-il, ce qu'on imprime aujourd'hui est démenti demain.

Et montrant son Crucifix :

— Voilà, disait-il, mon journal à moi.





— Je souffre atrocement des dents, disait un campagnard au Père Paul, guérissez-moi donc, s'il vous plaît.

— Eh mais, mon brave homme, souffrez donc aussi quelque chose, vous finiriez bien par ne plus vous croire des enfants du bon Dieu !





Extrait d'une lettre adressée de Termonde par le Père Paul à une connaissance de Contich :

« Comment se porte votre frère ? Dites-le-moi seulement de chez vous. »





Un religieux prêchait la retraite à Thielt, et une servante avait assisté au sermon d'ouverture, où le prédicateur disait que les âmes allant au Ciel étaient aussi peu nombreuses que les feuilles restant aux arbres en hiver.

Ce propos vexa tellement cette femme, qu'elle s'abstint d'assister aux sermons suivants. Ayant plus tard raconté la chose au Père Paul, il répondit :

— Vous avez bien fait, car, en émettant cette sentence, le prédicateur a outragé l'infinie bonté de Dieu.





Père Paul avait recommandé à une dame malade de ne pas sortir avant son complet rétablissement. Malgré cet avis, la dame alla, le dimanche suivant, entendre la messe à l'église de sa paroisse.

Le Père, revoyant ensuite la dame, lui dit qu'elle avait mal fait, et il ajouta :

— Votre action ne vous a valu aucun mérite.





On critiquait en sa présence une dépense de luxe chez une famille riche. Père Paul ne désapprouva pas ce qu'on avait appelé du gaspillage ; il disait, au contraire, que les riches doivent tenir le rang que la divine Providence veut bien leur assigner.





On faisait l'éloge d'une demoiselle riche, parce qu'elle s'adonne beaucoup aux bonnes œuvres. Père Paul répondit sèchement :

— Son devoir l'y oblige ! (Zij moet wel !)





Le plus vif désir du Père Paul était de couronner la série de ses œuvres par la fondation d'une belle abbaye à Anvers. Toutes les ressources lui étaient abondamment assurées, et ses nombreux amis de l'opulente Métropole commerciale espéraient le voir fixer bientôt sa résidence parmi eux ; ils escomptaient déjà le bien immense que la présence du célèbre Père procurait à la cité. Mais une opposition tenace, dont nous ne dirons pas davantage ici, fit avorter ce beau projet.

Père Paul se résigna avec humilité, bien que, suivant ses propres paroles, d'un mot il eût pu écarter tous les obstacles...

En effet, parlant de ces projets à des amis d'Anvers, le Père leur disait un jour qu'il lui aurait suffi de s'adresser directement à Léon XIII. Il ajoutait :

— Je connais Sa Sainteté et Elle me connaît aussi... Le Pape est un saint.





Parlant de la France, Père Paul a dit que ce pays sera purifié par de grands châtiments. (Dat nest moet door gevoelige kastijdingen gezuiverd worden.)





Quelqu'un ayant exprimé le vœu, de voir bientôt les Turcs expulsés d'Europe, Père Paul ajouta vivement :

— Oui, oui, et d'Égypte également.





Parlant de la fin du monde, Père Paul disait :

— Je pense que Notre Seigneur est venu racheter les hommes au milieu des temps.

Le monde existerait donc encore environ deux mille ans.

Dans ces prophéties, qui déjà se sont réalisées, Père Paul employait assez souvent cette formule : Je pense que...





À la question de savoir si d'autres planètes et les étoiles sont des mondes habités, Père Paul ne répondit pas ; ce que voyant, on rappela quelques-unes des assertions de la science moderne, tendant à prouver l'habitation de ces mondes.

— Ces savants sont-ils allés voir ? demanda en souriant le Père.

— Mais enfin, insista-t-on, le fait ne paraît pas impossible, et les habitants de ces mondes pourraient aussi avoir eu leurs misères et leur Divin Rédempteur...

Aussitôt, Père Paul de répondre vivement :

— Non, non ! Il n'y a qu'un seul Rédempteur, c'est Jésus-Christ ici-bas.





À Anvers, Père Paul disait d'une jeune fille malade qu'on lui recommandait :

— Je ne puis rien pour elle, parce qu'elle consulte une cartomancienne.